Logement : la France est-elle condamnée à la crise ?
Décembre 2010
La France vit en permanence ou presque en état de crise du logement, au moins depuis la fin de la première guerre mondiale. L’expression n’a jamais cessé d’être utilisée dans les discours ou dans la littérature spécialisée, mais il semble bien qu’elle le soit de plus en plus fréquemment depuis quelques années. C’est ce qu’a constaté un groupe d’élèves de l’ENA qui, en 2005, s’est penché sur le sujet . Cherchant à en appréhender le contenu, ce groupe constate que « l’utilisation indifférenciée du terme lui enlève toute pertinence scientifique », ce qui n’empêche pas - ou ce qui explique - que « la crise du logement s’impose comme une évidence ». De fait, le contenu de l’expression semble différer selon l’époque à laquelle elle est employée et les personnes qui l’utilisent. L’état de crise a en quelque sorte été officialisé par Marc-Philippe Daubresse, ministre délégué au logement, qui déclarait en 2004 : « C’est une crise de l’offre […] ; jamais l’immobilier n’a été aussi florissant en France depuis vingt ans et pourtant jamais la crise du logement n’a été aussi forte dans le logement social ».
La situation était pourtant sans commune mesure avec celle qu’avait connue la France au début des années 50, où le retard de construction était estimé à 3,9 millions de logements, chiffre qu’il faut rapporter à un parc de logements moitié moins important qu’aujourd’hui. Plus que de cette estimation qui servit pourtant de fondement aux objectifs du 2ème Plan, on se souvient de l’appel au secours de l’abbé Pierre en 1954 pour les sans abri. Aujourd’hui, s’il existe toujours ou de nouveau des sans-abri, le déficit d’offre est bien loin d’être aussi important, même pour les plus généreux évaluateurs des « besoins en logements ». Que peut donc signifier l’expression de crise du logement ?
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